mardi 24 mai 2011

Les grottes de Gettysburg: un parcours initiatique


Trois ans après un recueil de nouvelles, Perpétuités de Gibraltar (2007), Simon Auclair lance finalement son premier roman, Les grottes de Gettysburg. Le style feutré de l’auteur, lauréat du Prix du jeune écrivain francophone en 2007, sert bien ce récit initiatique.
L’histoire n’est située dans aucun cadre précis: des recrues d’une armée quelconque, apeurées par des armes bactériologiques indéfinies (l’ignorance d’ailleurs, précipite les personnages au fond des grottes), un lieu nommé, sans plus («Gettysburg»), plusieurs personnages sans nom, la plupart sans existence autre qu’au moment de la narration. Le récit est donc au cœur de la lecture. Et ce récit d’un jeune soldat, aussi poète, dont le premier combat se solde avec la mort de son capitaine immolé, est aussi celui d’un héros qui se découvre, ce qui est rare de nos jours. En effet, plus cultivé que les autres, prenant la posture d’un observateur afin de mieux nous livrer ses réflexions toujours justes sur le comportement de ses compagnons, il agit avec noblesse et courage, intelligence et discernement. La guerre, dans ce court roman, stimule l’héroïsme.
Le défi du protagoniste est cependant de découvrir ce courage, d’éviter de sombrer dans le désespoir, finalité logique lorsqu’on pense à la situation dans laquelle il se trouve, tourmenté autant par le gouffre physique de la grotte que par celui, mental, qu’il vit tous les jours: celui de l’intellectuel sensible, enterré au plus creux d’un monde qu’il ne peut plus sauver.
Simon Auclair ne manque pas d’audace en publiant un court roman de guerre écrit avec une plume poétique. Il mérite d’être lu.

L'auteur de l'article:

Né, Éric Vignola se consacre immédiatement à la survie. Sept ans plus tard, il commence, simultanément, le ballet et le hockey. L'année suivante, il abandonne le ballet. À seize ans, il écrit un roman fantastique qui s’est hélas perdu dans un Mac préhistorique, probablement fossilisé aujourd’hui. C’est aussi durant cette année d’éclosion littéraire qu’il décide, au grand désarroi de... de tout le monde, finalement, de poursuivre son éducation en lettres, et non en génie ou en médecine. Il lui arrive de regretter cette décision, particulièrement lorsqu’il reçoit son chèque de paye. Il enseigne présentement au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, où il tente, sans grand succès, de ne pas perdre son imaginaire brut au profit d’une écriture institutionnalisée, inintéressante. Sa plus grande fierté est que son nom est anagramme de « Vice Original », « Ivrogne Laïc » et « Organe Civil ». Sa plus grande honte est de ne pas être un joueur de hockey professionnel.